Isolation des murs
Une maison ne perd pas uniquement beaucoup de chaleur par le toit, mais également par les murs non isolés. Comment entreprendre au mieux son isolation : remplir le creux, isoler par l’extérieur ou encore par l’intérieur ? Nous vous aidons à effectuer le choix le plus judicieux.
Deux règles d'or
Il y a 5 ans, moins de la moitié des maisons en Belgique avaient des murs isolés. Un mouvement de rattrapage s’est enclenché depuis, mais il reste un gros potentiel de logements à rendre plus confortables, plus économes en énergie et avec moins d’émissions de CO2. Les pertes de chaleur restantes après l'isolation d'un mur sont vraiment fortement diminuées, comme l'indique le tableau ci-dessous:
L’isolation des murs creux et l’isolation de la façade par l’extérieur sont souvent pratiquées, l’isolation des murs par l’intérieur moins.
L’isolation d’une habitation doit répondre à deux règles fondamentales :
La première est que le manteau isolant doit former une enveloppe continue autour de la maison. Sinon, il se produit des fuites de chaleur - en jargon technique, des ponts thermiques - par où l’énergie s’échappe. Pour cette raison, mieux vaut poser le matériau isolant à l’extérieur de la façade ou, tout au moins, sur la face externe de la paroi intérieure d’un mur creux. Pour une construction nouvelle, c’est certainement la méthode conseillée, et l’isolant est généralement placé dans le creux du mur. Dans le cas d’un mur existant, il y a trois possibilités : injecter après coup l’isolant dans le creux, isoler par l’extérieur ou isoler par l’intérieur.
La seconde règle qu’il convient de suivre consiste à essayer de garder les murs chauds en hiver. Cela offre un triple avantage.
- D’abord, les risques de condensation, et donc de moisissures, sont moindres sur un mur chaud que sur un mur froid. Un mur plus chaud sèchera aussi plus vite.
- Ensuite, un mur qui peut retenir la chaleur pour la restituer ensuite progressivement quand le chauffage est coupé (c’est ce qu’on appelle l’inertie thermique) rend également la maison plus confortable.
- Enfin, un mur chaud souffre moins, tout au long de l’année, des variations de température et évite les dégâts du gel (lézardes).
Faut-il isoler votre toiture, les murs ou le sol ?
La post-isolation des murs creux n’est pas nouvelle. Cette technique était déjà appliquée dans les années 1970 et 1980, au moment de la première crise de l’énergie et des fameux dimanches sans voiture. En raison du faible coût de l’énergie dans les années 1990, cette technique a un peu perdu de vitesse, mais elle a depuis gagné à nouveau en importance et visibilité. Les recherches ont en outre démontré que l’isolation des murs creux est tout aussi efficace, même après 20 à 30 ans, que celle d’un mur qui vient d’être isolé, quel que ce soit le matériau isolant utilisé.
Est-il possible d’isoler après coup tous les murs creux ?
L’entrepreneur responsable de la post-isolation doit examiner différents aspects afin de déterminer s’il est effectivement possible et judicieux de procéder à la post-isolation des murs creux. Dans certains cas, il peut juger que l’intervention n’est pas appropriée, voire même impossible :
- s’il n’y a de creux qu’en un nombre limité d’endroits ou si celui-ci est trop fin (seulement 2 ou 3 cm, par exemple ; il faut au moins 5 cm de creux) ;
- si la façade extérieure est sensible au gel (briques déjà endommagées, éclatées) ;
- si la nature de la façade exige la présence d’un creux ventilé, dans le cas de briques vernissées par exemple, ou si la façade a été enduite d’une peinture étanche qui empêche l’humidité intérieure de s’échapper vers l’extérieur ;
- si le mur souffre énormément de la pluie.
Une analyse préalable par un entrepreneur ou un expert s’impose.
Quel matériau isolant choisir ?
Une densité suffisante du matériau est cruciale pour obtenir de bonnes performances thermiques. C’est encore plus vrai pour les granulés et les fibres, comme la laine minérale.
Y a-t-il des risques d’humidité ?
Il faut que le creux séparant la façade extérieure et le mur intérieur rejette l’eau des intempéries pouvant pénétrer dans la façade afin qu’elle n’atteigne pas le mur intérieur. Le creux permet également, dans une certaine mesure, d’assécher la façade. En remplissant le creux après coup avec un isolant, ce dernier ne laisse apparemment pas passer l’eau ou l’humidité dans le mur intérieur.
Y a-t-il un risque de condensation ?
Les ponts thermiques sont presque inévitables en cas d’isolation après coup des murs creux. Il est en effet impossible d’isoler certaines parties de l’habitation, ce qui entraîne une interruption de la nouvelle couche isolante. C’est notamment le cas au niveau des linteaux en béton qui surmontent les fenêtres. Ceci pourrait provoquer un plus grand risque de condensation à l’intérieur et la formation éventuelle de moisissures. On prétend même parfois que l’isolation après coup des murs creux augmenterait ces problèmes de condensation. Mais des études semblent démontrer le contraire. La température des surfaces situées à hauteur des ponts thermiques augmente même légèrement. Les éventuels problèmes de condensation consécutifs à la post-isolation des murs creux sont plutôt le résultat d’un manque d’aération ou de ventilation.
Y a-t-il un risque de dégâts à la brique de façade ?
En cas d’isolation des murs creux, la façade extérieure est plus exposée aux écarts de température précisément parce qu’en raison de l’isolation, elle n’est plus chauffée par la chaleur qui s’échappe de l’habitation. La façade extérieure sèche également moins vite, ce qui peut rendre les briques et enduits de mauvaise qualité plus sensibles au gel et entraîner un risque d’éclatement. Mais les briques de bonne qualité seront tout à fait en mesure de résister à ces nouvelles conditions. Une analyse de la façade s’impose avant une éventuelle post-isolation des murs creux.
Pour
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Contre
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Dans le cas d’un mur plein (30 cm), sans creux donc, ou d’un mur creux dont le vide ne peut pas être rempli (par exemple parce qu’il est trop étroit), il vaudra mieux isoler par l’extérieur.
Comme le matériau isolant lui-même n’est pas étanche et/ou pas très esthétique, il faudra apposer une finition : plâtre, revêtement (d’ardoises, par exemple), pierre de façade. Cela implique de grands travaux qui feront grimper la facture.
L’isolation par l’extérieur offre en revanche l’avantage que les murs de l’habitation peuvent agir comme une sorte de tampon de chaleur, équilibrant ainsi les écarts de température dans les espaces de vie. Cela procure non seulement un meilleur confort (moins de chaleur excessive en été et moins vite de froid en hiver), mais également un fonctionnement plus régulier de l’installation de chauffage (qui devra moins souvent s’enclencher).
Quel est le bon moment pour isoler par l’extérieur ?
Lorsque la façade est endommagée ou fort sale, ou si vous souhaitez une nouvelle façade pour des raisons esthétiques, c’est le moment de procéder à une rénovation et d’en profiter pour isoler la façade par l’extérieur. Vous devez de toute façon prendre en charge le coût des échafaudages, des machines de construction et du matériel de peinture.
Puis-je isoler mon habitation par l’extérieur ?
Il faut pour cela remplir les conditions suivantes :
- la maçonnerie doit résister au gel ;
- la façade ne peut être recouverte d’une peinture étanche à la vapeur.
Si vous avez déjà peint votre façade par le passé, il faut déterminer la perméabilité de la peinture en vérifiant de quel type il s’agit auprès d’un peintre ou du fabricant. C’est également possible via un test en laboratoire. En cas d’avis favorable, il est tout à fait possible d’isoler la façade par l’extérieur.
Pour
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Contre
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Il n’est pas toujours possible d’isoler un mur plein par l’extérieur. Par exemple, si la façade intègre des matériaux précieux ou si elle a une valeur historique, comme dans une maison caractéristique à Bruges ou à Bruxelles, ou dans une ferme abbatiale des Ardennes.
Et l’isolation par l’extérieur peut aussi poser des problèmes juridiques si vous empiétez sur le terrain d’autrui ou (trop loin) sur le trottoir. Dans ce cas, mieux vaut s’informer auprès de la commune. Parfois, il n’y a donc pas d’autre solution que d’essayer d’isoler les murs par l’intérieur.
Mais une analyse préalable du logement et des murs s’impose avant tout. S’ils répondent à différents critères, la technique peut être appliquée telle quelle. Vous trouverez plus de détails sur le site Energie Wallonie. S'il y a des réserves pour certains aspects, il faudra d’abord régler ces problèmes avant de se risquer à appliquer la méthode.
Enfin, dans certains cas, il est totalement déconseillé d’isoler par l’intérieur. Par exemple, si les matériaux de la façade ne résistent pas au gel, ou encore si la façade a été rendue imperméable à la vapeur ou est construite en matériaux étanches à la vapeur qui empêchent l’humidité intérieure de s’échapper vers l’extérieur. En aucun cas, l’on ne peut recourir à l’isolation intérieure pour camoufler des problèmes d’humidité. Il faut d’abord identifier les causes de ces problèmes et les éliminer. Même s’il n’y a pas de problèmes d’humidité apparents, mieux vaut faire inspecter la façade. Une telle inspection doit être réalisée par un entrepreneur ou un architecte, qui pourra décider en connaissance de cause si les risques peuvent être maintenus sous contrôle. Il est aussi capital d’assurer une ventilation suffisante pour établir une ambiance saine.
Étanche ou perméable ?
Il existe grosso modo deux systèmes d’isolation intérieure des murs.
Avec les systèmes classiques utilisant des matériaux comme la laine de verre, il est nécessaire de placer un pare-vapeur (à apposer du côté chaud). Avec du polystyrène extrudé par exemple, le matériau isolant est souvent déjà étanche à la vapeur par lui-même. Avec ces systèmes, le mur ne peut plus sécher vers l’intérieur.
D’autres systèmes permettent encore au mur de sécher vers l’intérieur. C’est notamment le cas des systèmes perméables à la vapeur, également appelés systèmes capillaires actifs. Les matériaux isolants emmagasinent provisoirement l’humidité et la rejettent ensuite à l’intérieur. Il s’agit notamment de panneaux isolants spécifiques en béton cellulaire et de panneaux en fibre de bois. On utilise parfois du silicate de calcium, principalement dans les bâtiments historiques.
Le souci du détail
Vous trouverez plus de détails sur les différentes méthodes d’application sur le site Energie Wallonie. Nous insistons néanmoins sur certains points qui nécessitent une attention particulière.
- Pour éviter la formation de ponts thermiques au niveau de la jonction d’un mur extérieur et d’un mur intérieur perpendiculaire, l’isolation doit recouvrir une partie de ce mur intérieur. Une distance de 60 cm est généralement suffisante. Parfois, on retire une partie du plâtre pour mettre une fine couche isolante. Dans d’autres cas, on appose sur le mur intérieur une couche d’isolant plus épaisse avec une finition, ce qui fait saillie dans la pièce.
- L’isolation ne peut être interrompue à la rencontre de deux murs extérieurs. Par exemple, la latte verticale de support de l’isolant ne peut être placée dans le coin lui-même, mais doit l’être à plus de 20 cm. L’isolation doit également rester continue à la jonction de la façade extérieure et du sol en béton (des deux côtés du sol). À la jonction avec un plancher en bois ou une poutre en bois, l’effet de pont thermique est moindre, et une isolation continue au niveau du sol n’est généralement pas nécessaire. Mais il est néanmoins conseillé d’éviter un contact direct entre le bois et la maçonnerie, pour éviter que le bois pourrisse. C’est un point très délicat.
- La jonction avec les portes et fenêtres doit être soignée à la perfection, ce qui n’est pas toujours évident, car il y a fort souvent trop peu de place pour l’isolation. Si l’on profite de l’occasion pour remplacer les châssis, cela facilite les choses.
- Souvent, des prises ou des radiateurs sont fixés dans ou contre le mur extérieur, et il faut déplacer les prises et tuyaux. Il faut alors veiller à ne pas forer à travers l’isolation, pour préserver l’étanchéité à l’air et à la vapeur.
Pour
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Contre
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Il y a trois façons d’isoler des murs. Toutes ont un coût propre.
Isoler des murs par l’intérieur est plus cher (comptez 60 € à 100 € par m²) qu’isoler des murs creux (25 € à 30 € par m²), mais moins coûteux que l’isolation extérieure de la façade (150 € à 300 € et plus par m², en fonction notamment de la finition).
La pose de 8 cm de laine de verre peut vous valoir une économie annuelle de 250 à 350 l de mazout (ou l’équivalent) pour une façade de 50 m², pour autant que les points de jonction aient été traités convenablement et qu’il y ait peu de fuites thermiques. De cette manière, vous pourrez réaliser des économies de chauffage jusqu’à 175 € par an par façade.
Isoler par l’extérieur permet, notamment par la pose de couches plus épaisses de matériau isolant et la maîtrise des fuites thermiques, d’accroître encore les économies.
Isolation des murs: 3 possibilités
Isolation par l'extérieur | Remplir le creux du mur | Isoler par l'intérieur | |
Prix au m² | 150-300 € | 25-30 € | 60-100 € |
Economie d'énergie (sur une façade de 50 m²) | 300-400 l de mazout/an | 200-250 l de mazout/an | 250-350 l de mazout/an |
Prime de base au m²* |
30 € en Flandre | 5 € en Flandre | 15 € en Flandre |
55 à 94 € à Bruxelles | 8 à 15 € à Bruxelles | 20 à 38 € à Bruxelles | |
0,15 € par kWh économisé en Wallonie | 0,15 € par kWh économisé en Wallonie | 0,15 € par kWh économisé en Wallonie |
* pour autant que l’habitation et les travaux remplissent une série de conditions. Voir :