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Que peut-on attendre de la congélation de ses ovules ?

15 février 2023

De plus en plus de femmes décident de faire congeler leurs ovules pour augmenter leurs chances de grossesse. Nous passons en revue l'ensemble de la procédure, depuis l'entretien préliminaire et la stimulation hormonale jusqu'au prélèvement des ovules et au traitement par FIV, y compris les coûts et les risques éventuels.

Les personnes qui ont le désir d'avoir des enfants mais qui, pour une raison ou une autre, veulent le reporter à plus tard, peuvent choisir de faire congeler des ovocytes. Cela augmente vos chances d'avoir un enfant biologique à l'avenir. La vitrification des ovocytes ou banque AGE (en anglais Anticipation of Gamete Exhaustion) est un processus de congélation ultra-rapide qui n'endommage que très peu les cellules, de sorte qu'elles puissent être décongelées, fécondées et restituées ultérieurement. 

Envisagez-vous de conserver vos œufs pour plus tard ? Si tel est le cas, il est important de peser le pour et le contre

La procédure vous convient-elle ?

Congélation des ovocytes : les différentes étapes du processus

Le professeur Dominic Stoop (UGent), expert en fertilité, explique ce que vous pouvez attendre de cette procédure.

Foto: Hendrik De Schrijver

Entretien et examens d'admission

Y a-t-il des conditions pour entamer la procédure ?

Stoop : “Les patientes commencent par un entretien avec le médecin de la fertilité. Après quoi, nous nous informons des antécédents médicaux, nous contrôlons le taux hormonal avec une analyse sanguine et nous effectuons une échographie pour vérifier la réserve ovulaire. Nous savons alors combien d’ovocytes il reste à la femme, et quelle est donc encore sa fertilité.” 

“Enfin, la patiente a encore un entretien avec un de nos psychologues. Nous cherchons avant tout à bien informer, pour que nos patientes sachent bien dans quoi elles s’engagent. En soi, une réserve d’ovules moins importante n’est pas une raison pour renoncer à la congélation, mais cela la complique. Il faudra plusieurs cycles pour obtenir suffisamment d’ovocytes, ce qui augmente évidemment le coût.”

Y a-t-il un âge maximum pour la congélation des ovules ?

Stoop : “En Belgique, l’âge maximum pour une ponction d’ovules est de 45 ans, mais c’est en fait bien trop tard pour une congélation. Sauf si la femme en question possède une réserve d’ovules exceptionnellement grande, les chances de succès sont minimes. En général, je pense que la limite de 40 ans est dès lors préférable.”

Y a-t-il d’autres raisons pour renoncer à la congélation ?

Stoop : “Si les femmes ont un désir d’enfant à court terme et acceptent d’avoir recours à un don de sperme, nous leur conseillons généralement de devenir “mère célibataire consciente” et d’opter pour une FIV. On peut ainsi utiliser des ovules “frais”, ce qui offre quand même davantage de certitude.”

Stimulation des ovaires

Pour congeler des œufs, il faut d'abord en avoir suffisamment. Comment faites-vous pour vous en occuper ?

Stoop : “En stimulant les ovaires avec des hormones. Si tous les entretiens et examens se déroulent bien, nous élaborons un plan de traitement sur base des résultats. La date de départ est celle des premières règles qui suivent, et les femmes commencent elles-mêmes les injections. Le produit stimule la production simultanée de plusieurs ovules par les ovaires. Les seringues ressemblent aux stylos à insuline, et les injections doivent être faites tous les soirs à heure fixe.”

“Après une semaine, les femmes sont invitées à un contrôle, soit chez nous soit chez leur gynécologue personnel, pour une nouvelle prise de sang et une nouvelle échographie. On sait ainsi si les ovules et les hormones évoluent dans le bon sens. Six jours plus tard encore, une nouvelle injection est effectuée le matin, pour éviter une ovulation prématurée des ovocytes matures. Il s’agit en effet de pouvoir les prélever. Une fois que l’ovulation a eu lieu, les ovocytes sont perdus.”

“Nous surveillons la maturation avec une deuxième échographie, et parfois une troisième. Une fois les ovocytes “prêts”, nous préparons la ponction.”

Ces hormones ont-elles des effets secondaires ?

“Le principal effet secondaire de la stimulation est un gonflement de l’abdomen. En principe, ce n'est pas douloureux, tout juste un peu inconfortable.”

“Le plus gros risque est une torsion ovarienne, c'est-à-dire un pivotement de l'ovaire. Pour éviter que cela se produise, il faut éviter les efforts pendant la stimulation. Donc pas de sport, de marche ou de danse. Le risque que cela se produise est d’ailleurs très mince.”

“Les protocoles de stimulation sécurisés permettent également d’éviter parfaitement le syndrome d’hyperstimulation, une sorte de surréaction de l’organisme qui dérègle le fonctionnement hormonal de la femme et lui fait produire trop d’ovocytes.”

Ponction de follicules

Comment les ovules sont-ils "récoltés" ?

Stoop : “La ponction est une petite intervention de 20-30 minutes sous anesthésie locale. On endort le col de l’utérus et on administre à la patiente, par infusion, un puissant antidouleur à base de morphine. La patiente reste donc consciente et peut suivre la procédure.”

“Une échographie interne permet d’aspirer les ovules un par un par voie transvaginale (c'est-à-dire à travers la paroi vaginale, ndlr), en même temps que le liquide folliculaire. Les ovocytes sont directement envoyés au laboratoire, où l'on dénombre les ovules matures, soit généralement 80 à 90 % des ovocytes prélevés.”

“Les ovules matures sont ensuite congelés et on fixe une consultation, où on passe en revue le résultat de la ponction, les chances de grossesse et l'opportunité de faire un cycle supplémentaire.”

Combien d’ovules un cycle produit-il en moyenne ?

Stoop : “Leur nombre précis diffère d’une femme à l’autre, mais on en compte une dizaine en moyenne Nous avons un jour prélevé 40 ovocytes en une fois, mais c’était un record. En règle générale, plus la patiente est âgée, moins on peut prélever d’ovules.”

Les ovocytes prélevés sont-ils aussi examinés génétiquement ? 

Stoop : “Non, notre labo ne distingue que les ovocytes matures et non matures. Un dépistage génétique n’est d’ailleurs pas très efficace sur les ovocytes, et on ne le pratique généralement que sur les embryons avant de de les réimplanter et seulement en cas de risque de certaines maladies génétiques héréditaires.”


La ponction des ovocytes entraîne-t-elle des risques ?

Stoop : “La ponction elle-même n’entraîne que très peu de risques d’effets secondaires, comme une hémorragie ou une infection. Il peut y avoir une certaine douleur après l’intervention mais la ponction est en général bien tolérée.”

Stockage

Les œufs matures sont conservés dans une cuve d'azote liquide à -196°C. Seuls les hôpitaux ayant une licence spéciale du gouvernement sont autorisés à avoir une banque d'ovules.

Combien de temps peut-on conserver ses ovocytes ? 

Stoop : “On choisit normalement de faire conserver ses ovocytes pendant cinq ou dix ans mais, une fois arrivée au bout de ce délai, la patiente peut le prolonger d’année en année. Cela ne change rien à la qualité des ovules : un an ou cent ans, c’est la même chose.”

Et si on n’utilise jamais les ovocytes congelés ?

Stoop : “Vous devez décider au début de la procédure ce qu’il adviendra des ovules non utilisés. Vous autorisez qu’on les détruise ou qu’on les donne à la science, à une sœur ou à une amie. Dans ce dernier cas, vous devrez pouvoir démontrer que vous avez une longue relation avec cette personne, pour éviter les ventes.”

“Théoriquement, vous pouvez aussi en faire le don anonyme à des tiers, mais c’est là une procédure fastidieuse et compliquée.”

Fécondation in vitro (ivf)

Le processus de congélation des ovules est largement parallèle à celui de la fécondation in vitro (FIV). Lorsque la femme est prête à utiliser les cellules congelées, celles-ci sont décongelées et fécondées avec le sperme du partenaire ou d'un donneur.

L'ovule fécondé est cultivé en laboratoire pendant plusieurs jours et transféré après cinq jours. Le transfert d'embryons est effectué à l'aide d'un cathéter, un tube fin, qui passe par le vagin. Après environ deux semaines, un test de grossesse peut être effectué.

Seule une minorité de femmes, 7,6% pour être précis, utilise effectivement les ovules congelés. En Belgique, l'INAMI rembourse six tentatives avant l'âge de 43 ans.

Le taux de réussite dépend de l'âge

Combien d’ovocytes faut-il pour assurer une grossesse ? 

Stoop : “La probabilité de réussite est en fonction de l’âge de la femme. Les patientes belges font en moyenne congeler 17 ovules à l’âge de 36 ans. Il faut généralement une tentative et demi, c’est-à-dire 1 à 2 cycles. Plus on est jeune, plus on a d’ovules et moins il faut de cycles. Et, plus les ovocytes dont on dispose sont nombreux, plus la probabilité de grossesse est élevée.”

“Les femmes qui font congeler leurs ovules avant 35 ans, ont pas moins de 95 % de chances d’avoir un enfant, alors que ce n’est plus que 50/50 après 35 ans et même 1/3 seulement à partir de 38 ans.”