Dossier

Passage du gaz pauvre au gaz riche : les réponses à vos questions

05 décembre 2017
gaz pauvre riche

À l’horizon 2029, les Pays-Bas ne livreront plus le gaz qui alimente aujourd’hui près d’1,6 million de ménages en Belgique. Son remplacement par un gaz d’une autre origine nécessitera des travaux d’adaptation du réseau. Êtes-vous concerné ? Et si oui, avec quelles implications ?

Si vous habitez Bruxelles, Anvers, le Brabant flamand ou le Brabant wallon, vous êtes vraisemblablement concerné par le retrait des Pays-Bas en tant que fournisseur. Quelques communes dans les provinces de Liège, du Hainaut et de Namur le sont aussi. Aucune crainte à avoir, cela n’aura aucun impact sur l'approvisionnement de gaz, assuré au fur et à mesure par d’autres pays (Qatar, Norvège…) comme c’est déjà le cas pour le reste de la Belgique. Mais ce changement de gaz nécessitera des adaptations du réseau de distribution et – parfois – des réglages chez vous. La composition du gaz hollandais est en effet différente. Appelé gaz pauvre (ou Low ou L), il a un plus faible pouvoir calorifique que le gaz riche (High ou H) par lequel il sera remplacé. Un réglage de la pression est donc nécessaire. 

 

Suis-je concerné ?

Peut-être. Certaines communes des provinces citées reçoivent, en effet, déjà du gaz riche, d’autres pas. Pour savoir ce qu’il en est pour vous, rendez-vous sur www.legazchange.be. Introduisez votre code postal et la réponse sera immédiate. 

Le passage au gaz riche s'effectuera-t-il partout en même temps ?

Non. Le passage s'effectuera progressivement par zones, jusque 2029 selon le planning actuel. Pour savoir quelle date vous concerne, vous pouvez vous rendre sur le site www.legazchange.be, y introduire votre code postal et accéder au planning de votre gestionnaire de réseau.

À savoir : ce planning pourrait être adapté en fonction des travaux ou, par exemple, si les Pays-Bas devaient diminuer plus vite leurs livraisons que prévu.  Les dates mentionnées ne sont donc qu’indicatives.

Qu'est-ce qui différencie le gaz High du gaz Low ?
Le gaz L des Pays-Bas est dit pauvre, car vous en tirez un peu moins de chaleur par m3 qu’avec le gaz H. Pour compenser cette faiblesse, il est distribué dans les habitations à une pression un peu plus élevée.  
Concrètement, que va-t-il se passer ?

Si votre écrêteur (détendeur qui détermine le niveau de pression) est placé à l’extérieur de votre habitation, vous serez prévenu de la date du changement, mais vous ne serez pas dérangé. C’est le cas, par exemple, à Bruxelles et dans le centre d’Anvers, où il est systématiquement placé en dehors des habitations. Dans ce cas, le réglage se fait sans que vous ayez besoin d’être présent.

Si, par contre, votre écrêteur se situe dans votre habitation, un technicien de votre gestionnaire de réseau devra passer chez vous. Mais l’opération sera rapide et gratuite. Il se peut que certains de vos appareils au gaz nécessitent eux aussi un réglage (principalement certaines chaudières).

Faudra-t-il changer mon compteur de gaz ?
Non. Tous les compteurs gaz sont fait pour mesurer les deux gaz sans réglage. 
Risque-t-on de me couper le gaz ?
Non. Aucune coupure n’est prévue. Sauf si votre écrêteur se situe dans votre habitation et que – malgré plusieurs rappels – vous ne donnez pas accès au technicien. Dans ce cas seulement, il est possible que votre gestionnaire de réseau coupe le gaz. 
Faudra-t-il adapter le réseau de gaz de ma maison ?
Non. Le réseau partant du compteur jusqu’à vos appareils ne devra pas être modifié. Le réglage se fait au niveau de l’écrêteur (détendeur déterminant la pression), qui est placé en amont du compteur. 
Faudra-t-il changer mes appareils fonctionnant au gaz ?
Si votre appareil a moins de 40 ans et a été acheté sur le marché belge, non. Tout appareil vendu sur le marché belge depuis 1978 est prévu pour fonctionner aux deux gaz sans devoir adapter une seule pièce. Certains appareils plus vieux ou achetés à l'étranger et non prévus pour notre réseau peuvent ne pas être adaptés : dans ce cas, il faudra peut-être changer des pièces, voire les remplacer. C'est une situation au cas par cas à voir avec le fabricant de l'appareil.
Faudra-t-il faire vérifier et régler mes appareils ?

 La vérification consiste avant tout à lire le code écrit sur l'appareil et d'en déduire s'il faut une éventuelle vérification technique plus poussée et un ou des réglages. 

Mis à part des brûleurs spéciaux, la majorité des appareils n'ont théoriquement pas besoin d'être réglés pour fonctionner parfaitement avec le gaz riche.

Cela dit, certaines chaudières ont été déréglées lors de la mise en service ou lors d'un entretien de l'appareil pour répondre strictement aux exigences d'émission "PEB" avec du gaz pauvre. Dans ce cas, il faudra régler de nouveau la chaudière après le passage au gaz riche, voire – pour certaines – en période de transition, avant ce passage.

Comment puis-je savoir si mon appareil doit être réglé ?

Les principales dénominations rencontrées en Belgique sont I2E+, I2E(S) et I2E(R). Cette dénomination est indiquée sur la plaque signalétique de votre appareil.Voici un tableau reprenant les opérations à effectuer selon le code: 

Catégorie d'appareil I2E+
ou I2
(début des années 90 ou antérieurs)
I2E(S)
ou I2E(S)B
I2E(R)
ou I2E(R)B
ou I2R (début des années 90 ou antérieurs)
I2N
Type d'appareil concerné
(liste non exhaustive)
chaudière non-condensation, chauffe-eau, cuisinière, convecteurs, inserts chaudière ou chauffe-eau à condensation chaudière de forte puissance (≥ 70 kW) et/ou chaudière avec brûleur gaz remplaçant un brûleur au mazout chaudière récente "à ajustage automatique du gaz" (encore rare)
Vérification technique nécessaire? non oui, à moins que l'installateur certifie que l'appareil n'a pas été "déréglé" non, il faudra un réglage non
Réglage(s) nécessaire(s)? non non, sauf si on a "brisé le scellé" pour régler l'appareil au gaz pauvre oui non
Nombre de réglages sans objet si nécessaire, lors de la vérification technique et après le switch Dès le passage au gaz riche
(si pas possible : dans les 2 mois avant le switch et dans les 2 mois après)
sans objet
Autre opération pour le switch non non non non

Pour les autres appareils, d’avant 1978 ou importés d'autre pays, réglage(s) ou autre opération en vue du switch sont à évaluer au cas par cas. Des remplacements de pièce ou parfois même de l’appareil ne sont pas à exclure.

Si  vous ne visualisez pas le code ou si vous devez une vérification technique, votre chauffagiste habituel peut vous renseigner ou un technicien du fabricant de l’appareil. Vous trouverez une liste des techniciens agréés proches de chez vous en passant par le site www.legazchange.be

Qui paiera les vérifications et réglages ?
Mis à part quelques appareils anciens, achetés à l'étranger ou à brûleur "spécial", la majorité des appareils peuvent fonctionner au gaz riche sans aucune réglage. Il n'y a donc pas de raison que le consommateur paie pour des vérifications techniques et des réglages. Nous demandons aux autorités de défendre et soutenir ce passage sans frais en agissant sur plusieurs points. Il faut ainsi informer le consommateur, favoriser la vérification visuelle, lutter contre tous les pratiques déloyales ou frauduleuses autour du switch : adaptations inutiles, vente forcée de nouveaux appareils, vérifications inutiles, etc.
Nous soutenons que les frais de vérification technique des appareils I2E(S) et de leur éventuel réglage sont à la charge des professionnels qui ont illégalement déréglé ces appareils. 
Que se passe-t-il si mon appareil n'est pas correctement réglé ?
C'est avant tout un problème d'environnement. La combustion n'est plus optimale et émet plus de polluants. Il n’y a aucun danger pour vous et votre famille, aucun risque d’explosion et la performance de l'appareil n'est presque pas affectée. Mais mieux vaut effectuer un réglage correct pour éviter qu’un éventuel dysfonctionnement préexistant (un refoulement, par exemple) ne soit amplifié. 
Un contrôle officiel sera-t-il imposé ?

Selon les informations actuelles en notre possession, aucune nouvelle loi n'imposera de contrôle des appareils au gaz de votre maison pour le passage du gaz L au gaz H. Seules les lois concernant l'entretien des appareils au gaz seront d'application. Vous ne devrez donc recevoir aucun contrôleur. Votre interlocuteur privilégié lors de ce changement est votre chauffagiste, voire éventuellement le fabricant ou l’importateur de votre chaudière.

Attention donc aux éventuels escrocs et arnaqueurs qui pourraient, sous le faux prétexte de contrôler votre installation, pénétrer chez vous, vous réclamer de l’argent pour leur « service », voire effectuer un repérage pour un futur cambriolage.

Mes appareils fonctionneront-ils moins bien avec le gaz riche ?
Après le passage au gaz riche, la puissance maximale qu'un appareil pourra délivrer peut être un peu plus élevée. Cela ne change rien pour la majorité des usages et est plutôt bénéfique pour une production d'eau chaude instantanée, comme avec un chauffe-bain ou une chaudière murale. En période de transition, quand la pression du gaz aura un peu diminué et qu'il s'agira encore de gaz pauvre, ces chauffe-eau seront momentanément un peu moins puissants et vous pourriez avoir un débit d'eau un peu plus faible si vous voulez garder la même température. Mais dans l’ensemble, vous ne devriez ressentir aucune différence.
Ce changement de gaz entraînera-t-il des coûts pour moi ?
Selon les informations du secteur, les travaux à effectuer sur le réseau de gaz sont inclus dans le budget courant de Fluxys et des gestionnaires de réseau. Vous ne vous verrez donc pas facturer un supplément pour les financer. 
Ma consommation va-t-elle changer avec le gaz High ?

Si vous avez exactement besoin de la même chaleur, vous consommerez un peu moins de volume de gaz riche que de gaz pauvre. Cela se remarquera au compteur, mais pas sur votre facture. Aujourd’hui, si vous recevez du gaz pauvre, vous consommez un peu plus de m3 pour obtenir les mêmes performances que ceux qui sont approvisionnés en gaz riche. Mais cette différence, liée au plus faible pouvoir calorifique du gaz pauvre, est compensée via un facteur de conversion différent quand les m3 sont convertis en kWh facturés.

À confort égal, quand vous serez alimenté en gaz riche, vous consommerez un peu moins en m3, mais pas moins de kWh. L’opération sera neutre au final.